#11 La sophro-analyse au secours de la parentalité bienveillante

#11 La sophro-analyse au secours de la parentalité bienveillante

La sophro-analyse au secours de la parentalité positive

La parentalité positive s’est invitée dans ma vie bien avant que je sois maman. Ayant lu dans l’ouvrage de Marshall Rosenberg Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) que donner une fessée à un enfant, c’était finalement lui montrer que la violence avait le dernier mot, qu’elle était la plus forte, m’avait faire exclure ce « mode d’éducation » définitivement. Ensuite, lorsque j’étais enceinte, une amie m’a conseillé l’ouvrage de Faber et Mazlisch Parler pour que les enfants écoutent et Ecouter pour que les enfants parlent. J’ai dévoré ce livre… et beaucoup d’autres sur le sujet de la parentalité bienveillante encore appelée positive ou consciente (les différents courants ayant des spécificités qui leur sont propres). Catherine Dumonteil-Kreimer a ouvert des espaces inconnus (ah bon ? il est possible d’éduquer sans punir ? mais comment on fait ?). Isabelle Filliozat m’a aidé à lâcher cette perfection que j’essayais d’avoir et à mieux comprendre les émotions. Catherine Gueguen a nourri ma soif de connaissances scientifiques sur le sujet. Ces quelques autrices ont grandement contribué à la mère que je suis aujourd’hui, et je les cite car elles sont centrales mais il y en a eu beaucoup d’autres.

Ce sujet est pléthorique, avec des approches diverses qui parfois ne sont pas sur les mêmes lignes de valeur, les mêmes perspectives. Je ne prétends donc pas, en un court article, vous donner une vision exhaustive du sujet. Mais je vais tenter de vous donner ma vision, ce que j’ai retenu de ces approches.

 

Qu’est-ce que la parentalité positive ?

Parentalité positive, parentalité bienveillante, parentalité consciente… beaucoup de mots qui recouvrent à la fois des valeurs communes mais aussi des différences.
Les adjectifs qui suivent le mot parentalité sont d’ailleurs délicats. Difficile d’en trouver un juste. Rares en effet sont les parents réellement malveillants (et comme je le dis souvent à mes filles : il n’y a pas de méchants, juste des souffrants), ou qui considéreraient donner une éducation négative ou inconsciente !

Définitions des mots

Si je reviens aux définitions, la parentalité est un néologisme de la fin du XXe siècle pour désigner la « fonction de parent, notamment sur les plans juridique, moral et socioculturel », nous indique le Larousse.

Pour les 3 adjectifs, je vous fais une synthèse de ce que j’ai retenu du Larousse et du CNRTL.

Le terme « positive » renvoie à plusieurs acceptions, mais pour la parentalité on peut retenir qu’il apporte quelque chose de bénéfique, de favorable.
Le terme « bienveillante » renvoie lui à une dimension de compréhension, d’indulgence, à une disposition généreuse qui vise le bonheur d’autrui.
Le terme « consciente » quant à lui met plutôt en exergue la lucidité, la connaissance claire et réfléchie.

Définitions du concept

Comme je le disais, il existe plusieurs courants de ces types de parentalités, et donc plusieurs définitions. Par exemple, pour le magazine PEPS, qui a malheureusement cessé d’être édité il a peu, la parentalité positive c’est : « une parentalité centrée sur la joie de vivre, le plaisir d’être ensemble, les besoins de chacun, le soutien sur le chemin de soi. »
Pour le blog des supers parents, la parentalité bienveillante et respectueuse c’est : « l’ensemble des connaissances et des compétences que les parents peuvent acquérir et appliquer pour favoriser le bon développement psychomoteur affectif et social de leurs enfants et les accompagner dans leur épanouissement. »

Qu’est-ce que ça n’est pas ?

Si les définitions varient selon les courants, les valeurs communes sont le respect, l’épanouissement des enfants. Ainsi, je suis souvent ulcérée (le mot est fort, mais à la mesure de ce que je peux ressentir), quand j’entends ou lis que la parentalité bienveillante est associée au laxisme. Ou encore qu’elle va créer des enfants rois. C’est une méconnaissance du sujet. La pose de limites, de règles, ou d’un cadre selon les courants fait partie de l’éducation bienveillante. Dans le laxisme, on est plus proche de la démission parentale que de l’éducation bienveillante. La notion de respect des individus étant centrale dans ce type d’éducation, elle n’est pas compatible avec des enfants rois. D’ailleurs, ce n’est pas ce qui est constaté dans le pays qui le premier a changé son éducation : la Suède.
Il est par contre possible que des parents croient faire de la parentalité bienveillante, alors qu’ils seront dans le laxisme… C’est difficile d’être parent, il n’y a aucun jugement de ma part. Nous sommes tous en apprentissage, et les ajustements sont constants.

Une parentalité exigeante

Cette forme de parentalité, pour ceux qui l’ont expérimenté, est exigeante. En effet, l’immense majorité du temps, elle est différente de notre modèle familial. Donc non seulement nous ne pouvons pas nous appuyer sur notre vécu, mais en plus cela peut générer des tensions avec notre famille. En autre, elle demande plus de temps… dans un premier temps : maternage proximal avec les bébés, apprentissage de l’autonomie, de la coopération. C’est plus rapide de faire à la place que d’apprendre à faire. L’obéissance immédiate est plus rapide qu’une résolution de conflit. (Dans un second temps, ce sera plutôt un gain de temps : enfants autonomes, avec une intelligence émotionnelle plus développée.)

Une question s’impose alors : qu’est-ce qui fait que des parents choisissent cette difficulté ?

Pourquoi vouloir éduquer ses enfants différemment ?

Les raisons sont multiples et propres à chacun. Dans les courants de la parentalité positive telle que je l’ai vécu, l’idée principale n’est pas de favoriser une obéissance et des objectifs court terme, mais au contraire de penser à long terme. Que souhaite-t-on que ses enfants deviennent lorsqu’ils seront adultes ? Quel genre de personne ?

Se poser ces questions permet de donner une direction à sa parentalité, même si évidemment on dévie parfois du cap ! En tout cas, se poser pour répondre à ces questions fait prendre du recul, ce qui est précieux quand on a « la tête dans le guidon ».

Quand ils se posent ces questions, les parents ont souvent envie que leurs enfants deviennent des humains heureux, épanouis, autonomes, respectueux… et non un être obéissant qui dira oui à tout ce que son patron lui demande, par exemple ! Et vous, que souhaitez-vous pour vos enfants ?

Personnellement, c’est l’envie de contribuer à un monde meilleur (plus soutenable, plus bienveillant) qui fonde la raison d’être de mon éducation bienveillante. Il s’agit de contribuer à plus de paix dans le monde en montrant, en vivant, que la violence n’est pas une solution.

Quelques courants de parentalité positive

Je commence par des courant qui nous viennent d’outre-Atlantique.
 

Faber et Mazlisch, Approche Parler/Ecouter

 Un courant déjà ancien, et toujours vivant, qui nous vient du Canada. L’approche Faber et Mazlich se lit (beaucoup d’ouvrages parus) et se pratique (ateliers pour les parents et pour les enseignants). Elle est assez répandue en France. 
Adele Faber et Elaine Mazlish ont assisté à des conférences données par le Dr. Haim Ginott sur les outils éducatifs dans les années 60 et ont décidé de les partager au plus grand nombre via la rédaction de livre, au vu de leur expérimentation concluante de ces outils.
Le plus de cette approche est de donner des outils très concrets aux parents, dans plein de situations. Certains ouvrages datent un peu et les exemples peuvent heurter par des illustrations clichées puisque datant d’une époque que j’espère révolue (en gros c’est maman qui fait le ménage), mais cela prouve que la méthode est éprouvée. D’autant plus que des ouvrages plus récents, écrits par les filles des autrices, offrent une nouvelle fraîcheur.
Lors des ateliers, des jeux de rôles sont proposés qui sont vraiment un plus pour faire des prises de conscience et changer ses propres comportements.
Ce que j’en ai retenu/ce qui m’a aidé particulièrement : la description (factuelle) est une clé ! avec les plus jeunes : le pouvoir de l’imagination, de la baguette magique.

Gordon, Méthode Gordon

Elève de Carl Rogers, père de la psychologie humaniste, Thomas Gordon met au point ses ateliers parents également dans les années 60, aux USA. La base de sa méthode est la communication : écoute active, message-je, et la méthode de résolution de conflit sans perdant. Comme précédemment, les ateliers se déclinent pour les parents et les enseignants.
Le plus de cette approche, c’est d’être générale et de s’adapter du coup à toute situation.
Ce que j’en ai retenu/ce qui m’a aidé particulièrement : clarifier les moments où c’est moi le parent qui ai un problème ou bien le moment où c’est mon enfant qui a un problème, pour pouvoir adresser le problème de manière adéquate, la méthode de résolution de conflit

Jane Nelson, Discipline Positive

L’approche de la Discipline positive est plus tardive. Elle née dans les années 90 aux USA, du travail de Jane Nelsen et Lynn Lott, se fondant sur les travaux des psychiatres autrichiens Adler et Dreikurs. Le mot discipline peut attirer ou rebuter. Ici il est entendu dans le sens d’enseignement. Les 2 piliers de cette approche sont la fermeté et la bienveillance
Le plus de cette approche, c’est d’avoir décliné de nombreux exercices et expériences qui sont réalisés dans les ateliers de parents, pour vivre de l’intérieurs les concepts intégrer.
Ce que j’en ai retenu/ce qui m’a aidé particulièrement : le respect de l’adulte est aussi important que le respect de l’enfant, les temps d’échange en famille.
 
Maintenant, passons à la France.
 

 Filliozat, Ateliers Filliozat

Isabelle Filliozat est une pionnière de l’éducation positive en France. Elle a mis en place des ateliers Filliozat dans les années 2000-2010, suite au succès de ces livres sur le sujet de la parentalité. A la base psychothérapeute, elle est spécialisée dans tout ce qui touche aux émotions. Le plus de son approche, c’est de s’appuyer sur des travaux récents ou moins récents mais peu connus encore de la psychologie (notamment la théorie de l’attachement) pour expliquer à notre cerveau rationnel et également de prendre en compte notre intelligence émotionnelle.
Ce que j’en ai retenu/ce qui m’a aidé particulièrement : les utilités de toutes les émotions, il n’y a pas de parent parfait, remplir le réservoir affectif de l’enfant.
 

Catherine Dumonteil-Kremer, Parentalité Créative

Moins connue dans le grand public qu’Isabelle Filliozat, Catherine Dumonteil-Kremer est également une pionnière de la parentalité consciente en France, ayant créé un atelier pour parents dans les années 90. Elle a également fondé le magazine PEPS, sur la parentalité positive, dans les années 2010. Le plus de son approche est d’être globale, de permettre au parent de l’introspection et du travail sur sa propre histoire, avec la prise en compte comme chez Isabelle Filliozat des neurosciences et de la théorie de l’attachement. Ses livres regorgent d’idées et d’approches alternatives concrètes pour soutenir une parentalité positive.
Ce que j’en ai retenu/ce qui m’a aidé particulièrement : les jeux de bagarre et de contact, rentrer en soi et finalement libérer ma créativité plastique.
 
 

Conclusion : Devenir Parent, se former et se soutenir

Dans chacune de ces approches, vous pourrez trouver des pépites. Si vous souhaitez vous former en tant que parents, explorer ces univers pour voir lequel vous attire le plus. Il y a également des coachs parentaux formés à l’une ou plusieurs de ces approches, qui peuvent vous accompagner. Chacun doit trouver ce qui est juste pour lui, ce qui résonne. 

Dans tous les cas, lorsqu’on est parent, et surtout si on souhaite éduquer ces enfants un peu différemment de la majorité (en France, l’éducation « traditionnelle » reste majoritaire), il est vraiment important de trouver ou fonder un groupe de partage entre parents. Pour se soutenir. Aujourd’hui beaucoup d’associations le font, mais il est aussi possible de contacter les parents autour de vous pour le faire. C’est un conseil que Catherine Dumonteil-Kremer m’avait donné, et qui m’a permis de fonder un tel groupe : cela a soutenu ma parentalité et a créé un réseau local de parents qui cherchent à être bienveillants.

Dans cette recherche de bienveillance, le piège de l’hyperparentalité guette, mais je vous en parlerai dans un futur article.

 

Enfant intérieur

Je ne peux pas finir cet article sur la parentalité sans dire un mot sur l’enfant intérieur. La façon dont nous réagissons à nos enfants, à leurs émotions, à leurs comportements est très lié à l’enfant intérieur qui vit en nous.

Me former en tant que parents, animer un groupe de soutien à la parentalité bienveillante m’a évidemment soutenue. 

Mais je ne serai pas devenue la mère que je suis aujourd’hui sans aller guérir les blessures de mon enfant intérieur. En effet, aujourd’hui je n’ai plus de crise de rage quand je perds patience (mon panier en osier s’en rappelle encore). Ainsi vous pouvez comprendre le titre de l’article ! 

 

Si vous aussi vous sentez que les blessures vécues enfant vous empêchent de vivre la parentalité que vous souhaitez, allez voir l’accompagnement que je propose en Sophro-Analyse. 

Si votre enfant a des comportements particuliers avec vous, de rejet, de colère, vous pouvez bénéficier du diagnostic au moins et d’une partie de la résolution du problème avec une séance de constellation familiale et systémique.

  

Si vous voulez recevoir votre bibliographie illustrée de parentalité, il suffit de le demander ici.

Ressources complémentaires :

Les approches de parentalité positive citées et leurs ouvrages :

 

Des blogs de parentalité (il y en a plein, voici certains que j’ai consulté plusieurs fois avec intérêt)

 

Le film de Marion Cuerq sur la Suède et son changement éducatif débuté il y a plus de 40 ans : « Même qu’on nait imbattables »
 

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