#4 Comment savoir dire non pour éviter un burn-out ?

#4 Comment savoir dire non pour éviter un burn-out ?

Savoir dire non et poser ses limites

Il n’est pas évident de dire non. Pas évident avec l’éducation que bon nombre d’entre nous ont reçu, et qui nous apprend majoritairement… l’obéissance. Et quand bien même aurions-nous eu des parents conscients, l’école, la société se chargent bien de cet aspect. Ainsi beaucoup de personnes viennent se faire accompagner avec cet objectif de savoir dire non, de poser ses limites. Dans certains cas, un accompagnement peut d’avérer nécessaire. Dans cet article, je propose des pistes de réflexions, pour repérer ce qui nous empêche de dire non, comprendre à quel point c’est important, et finalement arriver à affirmer ses limites.

Ce qui nous empêche de dire non

Les valeurs éducatives

Comme je le disais en introduction, peu d’entre nous ont appris à le faire petits. L’obéissance, encore aujourd’hui, est une vertu préférée à la rébellion, en particulier chez les plus jeunes, mais également dans le travail salarié. Quel confort en effet en tant que parent quand nos enfants font ce que nous leur demandons. Quel temps gagné en tant que manager quand nos équipes s’acquittent de leurs tâches.

La mauvaise image

En plus de cette valeur d’obéissance, nous avons ce poids dans notre culture de faire bien, d’être gentil. Rendre service, parfois jusqu’à s’oublier. Sans quoi nous pourrions avoir peur de décevoir, nous trouver égoïstes, ou pire. Et si nous arrivions tout de même à dire non, être empreint de culpabilité !

La peur

Je ne vous apprends sûrement rien en vous disant que la peur est une émotion qui dicte beaucoup de nos conduites. Parfois bien sûr pour notre sauvegarde (et c’est bien là sa vertu), mais malheureusement la plupart du temps en jouant contre nous. Peur de la sanction bien sûr : punition des parents, voire violences physiques, sanctions professionnelles jusqu’au licenciement. La peur du conflit est également très présente : mieux vaut dire oui que s’exposer à devoir gérer un conflit. Mais au fond la peut la plus prégnante n’est-elle pas de perdre l’amour ou en tout cas le lien ?

Les poids du passé

Nous avons pu développer dans notre prime jeunesse des stratégies visant à soulager nos parents. Vous savez, être la petite fille ou le petit garçon bien sage, qu’on n’entend pas, qui fait tout pour que tout se passe bien, qui ne va sûrement pas ajouter un poids pour ses parents. Peut-être des empreintes plus lointaines, venues de notre généalogie, peuvent également être agissantes (un ancêtre qui a mal fini parce qu’il a refusé une injustice, pas exemple). Je souhaite également mentionner, même si c’est plus difficile, une agression à caractère traumatique, et possiblement refoulée, complètement oubliée, qui nous empêcherait de poser désormais nos limites.

Ces empêchements ne sont évidemment pas exhaustifs, chaque être étant unique. De plus, certaines situations peuvent révéler des facettes dont nous n’avions pas encore pris conscience. C’est important de repérer ce qui est le plus agissant chez nous, pour pouvoir plus facilement le dépasser.

Pourquoi c’est important de savoir dire non

Dans la vie professionnelle, savoir dire non peut sauver

Combien de collègues ai-je vu alors que j’étais encore salariée arriver en limite de burn-out ou y tomber complètement pour n’avoir su dire non. Comme je le disais alors souvent à mes collègues : si vous ne dites pas non personne ne le fera à votre place. Attention, je ne suis pas en train de dire qu’il suffit de dire non pour ne pas subir de burn-out, ce serait bien trop simpliste. Mais il est sûr que ça joue. Que ça aide.
Aujourd’hui, dans les entreprises, mais plus généralement dans les structures où des gens agissent en tant que salariés ou même bénévoles (administrations, associations…), il y a toujours plus de choses à faire avec moins de moyens. C’est intrinsèque à la plupart des
entreprises d’exploiter au maximum les ressources. Même sans intention de nuire, une entreprise donnera tout le temps à celui qui prend, qui fait… c’est presque « naturel ». Regardez, à notre échelle : à qui demandons-nous une contribution, de l’aide ? A notre aîné qui grogne ou au petit si désireux de nous plaire ? A qui nous plaignions-nous au téléphone ? A la copine qui écoute toujours ou à celle avec qui nous ne pouvons en placer une ?  En tant qu’humaine je me dis souvent que nous sommes de grands flemmards, que nous avons tendance à choisir la loi du plus petit chemin, du moindre effort…

 

Quand bien même le burn-out serait encore loin, savoir dire non dans une entreprise ou administration permet d’éloigner le risque de déséquilibre entre la vie personnelle et professionnelleDéséquilibre qui pourrait bien évidemment conduite à des problèmes plus importants (de couple, de rupture de lien avec les enfants, de vie sociale inexistante…). Et ceci est tout autant valable pour des indépendants, qui peuvent avoir encore plus de difficultés à faire la part des choses entre vie personnelle et professionnelle.
 
 Ainsi, l’individu doit pouvoir se positionner et dire non.

Dans la vie privée, savoir dire non permet des relations vraies

Dire non à son chef est parfois plus facile que dire non à sa mère, ou à une amie ! Mais ces petits sacrifices de soi empoisonnent à coup sûr les relations, qu’elles soient familiales ou amicales. Que ce poison transforme la relation en un contact finalement artificiel, distant, ou qu’au contraire le conflit finisse par exploser en faisant beaucoup de blessés, tout le monde est perdant. 

Avec ses enfants, c’est parfois par laxisme qu’on ne va pas dire non, parce que c’est plus facile d’avoir la paix ainsi ; ou bien en étant dans une forme d’hyperparentalité qui peut aussi conduire à du burn-out parental : on ne dit pas non, en pensant être bon avec ses enfants, en pensant être un parent bienveillant. Et là encore, tout le monde est perdant : le parent qui ne marque pas ses limites et du coup n’apprend pas non plus à ses enfants à le faire.

Je suis obligée de faire une petite parenthèse ici sur le sujet du non avec les enfants. Le plus souvent ce que j’observe c’est que nous disons très facilement non à nos enfants, et presque systématiquement… est-ce parce qu’au moins avec eux nous avons le pouvoir de le faire ? Le non systématique est aussi mauvais que le oui systématique ! Aucun n’a de valeur.

Finalement, que ce soit en famille, entre amis, dans une association ou une entreprise, savoir dire non et le tenir est une compétence essentielle.

Comment dire non ?

Et c’est là que le bât blesse. Nous avons bien compris pourquoi il était important de dire non, de poser ses limites, que c’était une manière de se respecter soi… mais passer à l’action n’est pas forcément aisé.

S’entraîner sur des petits non : la mise en pratique des petits pas

Première chose si nous n’avons jamais vraiment posé nos limites : le faire sur des petits enjeux. En somme il n’est pas recommandé de directement envoyer bouler notre chef en pleine réunion ! Commençons par refuser à notre belle-mère de nous resservir à table, par exemple ;-). Nous entrons alors dans un cercle vertueux : fierté d’avoir dit non, de l’avoir tenu, voir les conséquences positives dans notre vie… vont remonter notre estime de nous et notre facilité à nous affirmer, à dire non.

Prendre le temps de la réflexion

Parfois, il est bon de prendre le temps de la réflexion. Nous ne sommes pas obligés de répondre oui ou non dans l’instant ! Cela évite de donner trop de oui ou non systématiques, qui de plus pourront engendrer des engagements que nous ne pourrons pas tenir.

 

Savoir dire non avec fermeté

La fermeté, c’est de tenir son non. Quelle que soit la réaction de l’autre, qu’il soit en colère ou triste, qu’il essaie de nous convaincre ou de nous culpabiliser. D’où l’intérêt de la réflexion préalable, qui nous permet d’être sûr de notre non. La fermeté trouve sa source dans la conviction profonde que ce non est juste pour nous. Je me rappelle d’une séance où j’avais senti cette force du non de manière très ancrée, dans tout mon corps. Avoir cet ancrage corporel permet aussi cette fermeté.

Savoir dire non avec bienveillance

La bienveillance, c’est être prête à écouter la frustration que le non engendre. C’est particulièrement vrai avec les enfants, mais aussi avec des collègues ou amis. Cela peut aussi être de proposer des alternatives, des solutions différentes, qui vont peut-être répondre en partie au besoin de notre interlocuteur.

Bien sûr, il ne s’agit pas de rentrer dans l’effet inverse et de dire non systématiquement. Si cela nous arrive dans un premier temps, pas besoin de se flageller non plus ! Nous sommes en apprentissage, et nous apprendrons à avoir de l’équilibre entre le oui et le non.

Savoir dire un non ancré, plein, entier… et même bienveillant. Voilà qui ouvre de belles perspectives. Car finalement dire NON à quelqu’un, à quelque chose, c’est dire OUI à soi.

Avoir repéré ce qui vous empêche de dire non, vous êtes entraîné à formuler des non… peut ne pas suffire, selon votre passé.  Si vous souhaitez visiter dans votre histoire ce qui vous empêche de poser vos limites, n’hésitez pas à voir l’accompagnement que je propose en Sophro-Analyse.

Ressources complémentaires :

Podcast La force de la non-violence épisode 25, avec Isabelle Alexandrine Bourgeois, fondatrice de Joy for the planet et Planet Positive.

Livre Cessez d’être gentil, soyez vrai de Thomas d’Ansembourg

NB : Je précise que je n’ai aucun lien d’intérêt ni filiation avec les ressources proposées 😉

Si vous souhaitez lire les ouvrages en question, essayer votre bibliothèque ou bien commandez le à votre librairie de quartier, si possible.

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