Parentalité ludique : ajouter du jeu et de la joie pour s’élever avec ses enfants
En ces temps de vacances j’ai envie de vous parler de parentalité ludique. Les vacances tant attendues peuvent être aussi synonymes de libérations de tension, et la dimension ludique devient un allié intéressant. La parentalité concerne certes en premier lieu les parents. Mais également toutes les personnes en lien avec des enfants : tantes, oncles, cousines, aïeules etc. Le parentage ludique, c’est mettre du jeu dans la relation avec les enfants. J’ajouterai même que chaque adulte aurait intérêt à remettre du jeu dans ses relations et pas seulement ses relations avec les enfants ! Nourrir notre enfant intérieur grâce au jeu me semble essentiel. Ainsi cet article s’adresse à tous les adultes désireux de remettre du jeu et de la joie dans leur vie.
Je vous parle d’abord de l’intérêt du jeu dans la relation, puis explique ce qu’est un parentage ludique, et enfin vous donner plein d’idées concrètes pour remettre du jeu dans votre vie.
Le parentage ludique, ça sert à quoi ?
Etablir le contact par le jeu
Le monde des enfants est le monde du jeu. Regardez, constatez : les enfants jouent ! Qu’il s’agisse des humains ou des animaux. Entrer en relation avec un enfant par le jeu est donc un bon moyen de se rapprocher d’eux, de leur monde.
Pour établir le contact, on peut utiliser les jeux de contact, le regard, les tapes dans la main (check), les câlins, si l’enfant est d’accord bien entendu. On peut aussi proposer des jeux ou des défis.
Avec ces contacts physiques, on voit qu’une relation ludique va également contribuer à remplir le réservoir affectif de l’enfant.
Développer l’assurance des enfants grâce au jeu
L’idée première quand il y a un adulte et un enfant ou des enfants d’âges différents, est de trouver un équilibre entre laisser gagner pour développer l’assurance et relever des défis pour ne pas s’ennuyer.
Jouer permet ainsi notamment de dédramatiser le gagnant/perdant. Pour les jeunes enfants, les coopératifs seront très appropriés sur cet aspect, puisqu’on gagne ou on perd ensemble, en équipe.
Le jeu permet de renforcer le pouvoir personnel (très intéressant pour les filles dans notre société encore très stéréotypée) et l’attachement (très intéressant pour les garçons dans notre société encore très stéréotypée). Pour expérimenter leur pouvoir, les jeux type stop/encore, les jeux de bagarre sont très appropriés. Les jeux d’autorégulation abordent sous l’angle ludique des compétences recherchées, comme la concentration, ou la maîtrise de l’impulsion.
Aborder les sujets délicats par le jeu
Le jeu libre permet de récupérer des contrariétés ou même de légers traumatismes. En rejouant les scènes, en racontant ce qui s’est passé, les émotions se libèrent. Peut-être avez-vous remarqué que les enfants construisaient beaucoup de cabanes pendant les périodes de confinement de 2020 ? Pour les parents, c’est également un bon moyen d’aborder des sujets délicats (une dispute, une séparation, la mort), en gardant une distance symbolique.
Le parentage ludique, c’est quoi ?
Ecouter les émotions
Une des bases de la relation humaine, c’est de pouvoir écouter l’autre, dans son émotion et ses ressentis. C’est bien évidement la base d’une relation avec les enfants. Il n’est pas toujours aisé d’écouter les émotions de son enfant, ou du moins toutes les émotions. Et ce n’est pas forcément les mêmes qui nous posent problème. Certains adultes sauront très bien accompagner la peur et rassurer. D’autres permettront facilement à la colère et à la rage de se libérer. D’autres encore consoleront avec aisance les pleurs. Enfin la plupart des adultes (mais pas tous) accepteront avec bonheur les marques de joie. Le rire peut d’ailleurs être une libération émotionnelle et non seulement un marqueur de joie. Ainsi tenter une intervention ludique quand la crise arrive peut être une façon plus agréable de la résoudre.
Le jeu permet d’écouter différemment les émotions. Par exemple on peut alléger ses peurs ou libérer sa colère en les rejouant, avec un intermédiaire comme des poupées, des playmobils. Une bonne peinture ou dessin de colère, ou n’importe quel média artistique choisi par l’enfant peut permettre de lâcher de manière profonde son émotion (vous aurez compris que c’est également valable pour les adultes).
Sur l’écoute des émotions, je vous renvoie aussi à 2 articles du blog : comment se reconnecter à ses émotions et ressentis, et comment les réguler.
Repenser la discipline
Jouer
Bien sûr, la base du parentage ludique est de jouer ! Mais jouer, vous l’aurez compris, ce n’est pas sortir la boîte de scrabble. Il existe pléthore de façons de mettre du jeu dans nos vies, et c’est ce que je vais vous présenter dans la dernière partie.
Exemples et idées concrètes pour jouer avec les enfants… ou les adultes
Jeux de contacts
Ces jeux de contacts sont parfaits pour entrer en contact avec l’enfant. Il peut s’agir d’ouvrir le contact avec du mime ou des jeux de cache-cache (ou coucou caché pour les plus petits). Ou carrément d’entrer en contact physiquement à travers des comptines mimées (bateau sur l’eau…) et autres jeux de mains et doigts, comme des massages « pizza », des jeux de chats (avec toutes les déclinaisons de règles possibles).
Au risque de me répéter, il est important de s’assurer que le contact est consenti par l’enfant.
Jeux de bagarre
Les jeux de bagarre sont également des jeux de contacts et de connexion, assez particuliers pour que j’en fasse un paragraphe à part.
Souvent, les parents n’adhèrent pas à l’idée même du jeu de bagarre. « Je ne veux pas montrer la violence » est le genre de phrase que j’entends à ce propos. Il me semble d’autant plus urgent de parler des jeux de bagarre qui sont un moyen de régulation de l’agressivité qu’un enfant peut avoir besoin d’exprimer (et qui risque sinon d’être exprimée violemment et sans cadre).
La règle importante des jeux de bagarre est que chacun doit être en sécurité. Ainsi le jeu prend immédiatement fin dès qu’un participant a mal ou dit stop. Les chatouilles sont interdites (en effet elles génèrent des rires mécaniques qui peuvent ne pas permettre à un enfant de dire stop notamment). Les règles doivent être exposées clairement avant le début pour tous les participants. Pour les adultes ou les plus grands enfants, l’idée est de résister autant que nécessaire, ni plus, ni moins. De manière à créer un challenge suffisant pour les petits mais pas insurmontable non plus.
Exemples de jeux de bagarre : bagarre de polochons ou d’oreillers, bagarre sur le lit, bagarre de monstres. Il est fortement conseillé d’ajouter de l’exagération et du clown dans ces jeux !
Jeux d’auto-régulation
Les jeux d’autorégulation vont pouvoir aider à se concentrer et à maîtriser ses impulsions. On peut jouer à « Jacques a dit », « 1, 2, 3, Soleil » par exemple. On peut également rejouer des situations qui posent problème a des moments où l’on a du temps, comme traverser la rue, s’habiller…
D’autres jeux d’autorégulation vont contribuer à développer les compétences de séquençage, avec des jeux comme les courses d’obstacles, chasses au trésor, ou comptines mimées.
Jeux coopératifs
Un pan important et de plus en plus connu des jeux sont les jeux coopératifs. Le principe général des jeux coopératifs est que l’on joue en équipe contre le jeu. Il existe des jeux de plateau nativement coopératif, (pour les petits : le verger, little cooperation… ; pour les grands : pandémie, escape…). Mais on peut également transformer des règles pour rendre des jeux coopératifs ou semi-coopératifs.
Il y a également des jeux nativement coopératifs qui ne sont pas des jeux de plateau, comme le chef d’orchestre, le sculpteur, le miroir. Et également des jeux compétitifs que l’on peut transformer en jeu coopératif, comme les chaises musicales : une chaise est enlevée à chaque tour mais tout le monde doit tout de même s’assoir ! (Attention prévoir des chaises solides pour les derniers tours de jeux !)
Jeux libres
La catégorie jeux libres réunit tous les jeux sans règles préétablies. Tous les jeux qui sont inventés et imaginés avec les poupées, figurines, peluches. Tous les jeux où l’on joue à la maman, au papa, à la maîtresse ; où l’on fait semblant. Tous les jeux où l’on construit, des histoires mais aussi des cabanes, ou nos propres règles du jeu.
Ces jeux permettent à la créativité de s’exprimer, mais peuvent avoir un effet cathartique en rejouant des scènes qui nous ont marqué.
Rire : blagues, exagération et clown
Enfin, il est facile d’ajouter une touche de joie dans la vie en mettant du rire, dans tous les moments de la vie.
Une crise pointe le bout de son nez ? Et pourquoi on ne le dirait pas en chantant, à la manière d’une comédie musicale ? (si vous êtes nés dans les années 80 et avant je suis sûre que vous vous rappelez une publicité sur ce principe !)
On peut faire des blagues, des jeux de mots recherchés à des blagues plus potaches.
Le maladroit ou l’idiot fonctionne particulièrement avec les enfants : se tromper dans les mots, tomber, se prendre un mur. Faire le clown est tout aussi intéressant, en exagérant, grimaçant ou encore en émettant des menaces ou interdictions idiotes. Je valide le concours de grimace comme détendeur immédiat de tensions familiales !
Conclusion
J’espère vous avoir donné envie de jouer avec vos enfants, ou même avec des adultes ! Le jeu et le rire sont une dimension importante de notre humanité. Ils nourrissent notre enfant intérieur. Ils nous donnent de l’énergie.
Et si vous n’avez plus le goût de jouer depuis trop longtemps, c’est peut-être le signe qu’il est temps de s’occuper de votre enfant intérieur ? Si c’est le cas, vous pouvez aller voir l’accompagnement que je propose.
Et si vous voulez le mind map des idées de jeux pour ajouter du rire et de la joie dans vos relations, cliquez ci-dessous :
Ressources complémentaires :
Livre Qui veut jouer avec moi ? de Lawrence Cohen (présenté par Isabelle Filliozat)
Livre Jouons ensemble autrement de Catherine Dumonteil-Kremer